En attendant qu'ça sèche...

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Puisque Alain me le demande, allez hop, copié collé

Moi , les waders , je leur trouve au moins trois défauts majeurs : leur prix par rapport à la qualité ; que cela permette à certains d’aller patauger sur les postes et leur confinement quand tu es bloqué au milieu d’une rivière avec une envie pressante. :aaah :
Excusez-moi de la longueur mais ça mérite un court métrage

Un copain connaissant bien la région des Gaves pour y être né ; revenant d’Alaska où il était allé découvrir de nouveaux territoires de chasse et de pêche ; me propose de me guider sur le Gave d’Oloron pour un coup du soir qui m’est devenu mémorable . Lui , pensait pouvoir faire monter et toucher une truite de mer comme il savait si bien le faire en sèche…
Nous voilà donc dans le village de Préchacq Navarrenx à marcher dans nos waders vers le Gave. Il avait garé sa voiture bien en vue dans le village , elle avait déjà été dégradée en la laissant en stationnement au bord du Gave.
La journée ayant été chaude , nous étions très légèrement vêtus : wader , short et gilet . c’était l’époque des premiers « néoprène » avec bottillons incorporés , détails importants.
Nous allons donc à un endroit qu’il connaît bien , légèrement en aval du village pour nous mettre au jus. Nous devoir remonter le courant sur deux/trois cents mètres pour atteindre notre zone de pêche, les berges étant inaccessibles par ailleurs .
Le Gave est large et profond et pousse suffisamment pour obliger à avancer avec précaution en luttant contre le courant . Il n’y a personne pour le moment et nous pourrons « squater » une centaine de mètres du Gave en faisant le héron et attendre les éclosions pour, lui, oeuvrer en sèche sur les bordures et pour moi, faire les courants réguliers aux alentours des blocs en noyée travers/amont .
Il m’assigne un point précis à une quarantaine de mètres en amont de notre position , figuré par une roche émergente :
- Tu vois le rocher là-bas ? D’ici , tu continues tout droit , à gauche et à droite c’est trop profond , et arrivé à une dizaine de mètre tu obliques légèrement vers ta gauche en tâtant le fond du pied , arrêtes-toi à la hauteur du rocher . C’est là que tu peux commencer à pêcher.
- Heu , tu veux pas y aller toi ?
Je rejoins l’endroit péniblement , la peur au ventre…En l’attente des premières manifestations, pour tuer le temps , cramponnés par les orteils au fond des waders , nous nous racontons nos sorties précédentes et refaisons le tour des mouches accrochées au gilet en prévision…

Soudain , il me crie :
- Oh , je suis emm…é
- Pourquoi ? Tu as oublié du matos ?
- Non , j’ai juste une envie …
- De quoi , boire un coup ? Il y a de l’eau en abondance
- Non , c’est ce que nous avons manger à midi qui me torture les boyaux
- Et M…. penses à autre chose , ça va te passer

Dix minutes plus tard , il nous remet sa chanson :
- Je tiens plus , il faut que je me sorte de ce p’t’n de wader
- Tu n’as plus qu’à retourner en arrière et regagner la rive
- Pour casser tout le parcours ? je te dis que les truites de mer viennent y stationner . et puis je n’aurai pas le temps ! Non , tu vas voir , je vais te montrer comment on fait en Alaska pour éviter que les ours viennent jusqu’à ta tente
A l’époque , c’était un espèce de cinglé qui partait « sous tentes et sans confort» pendant une semaine loin de tout avec 2/3 copains , pêchant et chassant pour manger . L’odeur , je te racontes pas ce que cela devait être : rien que 2 jours confinés dans les waders et les doudounes , les ours devaient te les repérer à plusieurs kilomètres…
- Mais , ça va pas la tête , tu n’es pas sur la glace ici et les ours dans le Gave , c’était il y a très très longtemps
- Attends , je connais un rocher affleurant , tu vois le V un peu sur ma gauche en aval ?
- Je ne savais pas qu’ils avaient installé des chiottes dans le Gave , mais j’envisage que , ton truc , c’est casse-gueule ! Veux-tu que je vienne pour tenir ton matériel ?
- Pas d’inquiétude , je suis grand et il y a longtemps que ma maman ne me torche plus le c.. j’ai fait cela maintes et maintes fois , N’importe comment il te faudrait trop de temps pour arriver à moi et tu nous casserais le coup.
- En attendant , te casses pas la gueule !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Effectivement , quelques enjambées et rétablissement plus tard , il prend bientôt pied sur un piédestal où il n’a que de l’eau à mi-mollets .
Et le voilà avec son gilet dans les dents …Pourquoi ? Simplement parce que son wader ayant des bretelles trop longues , il les a croisées devant et derrière et que pour en sortir , il faut aussi retirer le gilet , faire tomber les bretelles et remettre le gilet tout cela en équilibre instable.
En passant sa canne d’une main à l’autre , il arrive à s’extraire de sa peau de néoprène , arrivant tant bien que mal à la replier et la faire descendre sur ses cuisses ainsi que son short . Pendant qu’il remet son gilet en le fermant bien , j’applaudis la performance : ça c’est l’expérience du Grand Nord. Il s’accroupit enfin face au courant , donc face en moi en chantant « en attendant qu’ça sèche , là-haut , là-haut » que je reprends en cœur avec lui :
- Pt’n ça fait du bien , il était temps
- T’as pas rempli ton « benouze » au moins , j’ai un ami à qui c’est arrivé emmer.. qu’il était : d’autant qu’il s’en est rendu compte juste en tirant sur les bretelles pour les agrafer : IMAGINES .
- Non , non , je te dis que j’ai l’expérience ; il ne reste plus que la petite caresse des flots pour me laver les fesses et après , retour au bain
Il s’accroupit un peu plus pour que le courant lui fasse une petite toilette , toujours chantant . Soudain , son « là-haut » se bloque dans sa gorge et il est remplacé par un :
- p’t’n je glisse , merde , ndd , je ne peux pas me retenir , fait ch… je vais y aller , viens vite m’aider.
- Vite ? tu rigoles , tu as vu le temps qu’il m’a fallu pour faire les 40m ; Et pratique , mais surtout ,lâches pas ton gilet : il y a les clefs de la voiture dedans .
- Grouuuuuuuuuuuuuuuuuuuilles j’t’ dis
Je glisse dans l’eau pour le rejoindre aussi vite que je peux : 40 m , c’est long quand on ne sait pas nager , avec de l’eau jusqu’à la poitrine et que le wader embarque à chaque enjambée. En progressant , je l’aperçois tournant inexorablement sur lui-même : le courant s’est emparé de son wader qui traînait un peu dans l’eau comme une ancre flottante et le tire doucement mais sûrement vers l’aval. Il bascule cul par dessus tête , disparaît à mes yeux . Je le vois réapparaître en aval du caillou , il se débat pour le rejoindre …
Heureusement ; Il arrive à s’y accrocher d’une main par je ne sais quel miracle ; et son autre bras serre le gilet ainsi que sa précieuse canne « sur mesure » contre sa poitrine pendant que sa main cramponne les bretelles du wader.
- Dépêches-toi , je vais lâcher , cette saloperie est entortillé autour de mes jambes , il s’est rempli d’eau et il me tire vers le large .
- Débarrasses-toi de lui : si jamais tu te fais plaquer au pied du rocher , tu peux te trouver bloquer au fond par les remous.
- Arrêtes de me foutre la trouille , il est presque tout neuf et m’a coûté la peau du c.. ce néoprène noir « d’une grande boutique Parisienne aujourd’hui disparue »
- Lâches-le , je te dis , ce n’est pas le moment pour que je te fasse un cours sur l’hydraulique pour te prouver que j’ai raison , sinon , c’est lui qui aura raison de toi.
Le poids du wad’ plein d’eau et la force du courant lui tirent trop sur l’épaule et le font hurler de douleur. Ecoutant mes conseils , il s’agite pour libérer ses jambes ; enfin il peut se redresser pendant que le wader disparaît dans le courant après que les bottillons soient venus le saluer une dernière fois en surface …
L’ayant rejoint , nous nous regardons sans rien dire , la peur réciproque s’estompe peu à peu et nous nous mettons à rire comme des malades .
Inutile de continuer , la pêche est foutue avec le bordel que nous avons mis sur le Gave , les truites sont calées pour une bonne semaine , les boîtes pleines de mouches ex-sèches et les bobines de nylon pour les pointes se sont dévidées au gré des flots.
Lui , libéré de son accoutrement synthétique rejoint la berge moitié marchant , moitié nageant .
- enfoiré , tu pourrais rester avec moi , j’ai fait le plein pour venir à ton secours , je t’ai suivi en matant ton cul : j’ai pas repéré la route …
- T’inquiètes , je te guiderai de là-haut , je commence à avoir très froid
- Alaska ? : c’était pas plutôt l’Afrique ?
Il arrive à se hisser sur la berge et se dresse sur la rive :
- Hé , mon pote , t’es à poil
- M…. mon short et mon caldé sont à la baille : tant pis , tu me passeras le tien
- Pour que tu me le déformes ? Pas question , d’abord , c’est pas ta taille (là je suis totalement faux cul parce qu’à l’époque , nous étions minces comme des sandwichs SNCF et de même gabarit ). Mais _MÊME PAS HONTE_ : c’est quand même toi qui nous a mis dans ce merdier avec ta démonstration de : « comment ch… sans se faire repérer des ours », tu te débrouilles pour te faire un pagne dans cette jungle , pas question que je partage mon froc.
Alors nous voilà , lui « gaffes à gauche , continues tout droit , c’est bon , tout baigne » et moi , commençant à claquer des dents et de ne plus pouvoir soulever les pieds du fond . Je l’entends à peine , au bord de l’épuisement .
La rive qui me permettra de sortir de l’eau est proche , je la vois , je vais bientôt reprendre pied sur la terre ferme : je coupe à travers , mes dents claquent si forts que j’entends mais trop tard son hurlement « non pas là , il y a UN TROUOUOUOU » que je suis dedans jusqu’aux cheveux et m…tout baigne …blouc-blouc-blouc ras le bol .
Mon copain saute à l’eau , m’agrippe, me traîne sur le fond jusqu’à la rive : je n’ai pas lâché ma canne , lui a jeté la sienne sur l’herbe et quand on le connaît , ça veut dire : GRAVE , GRAVE …On doit avoir bonne mine tous les deux , lui à poil et moi dans un wader plein d’eau , de sable et de gravier dont il tente de m’extraire en tirant sur les pieds .
Maintenant , quand j’y repense, j’en suis encore mort de rire. Mais , imaginez la tête d’un spectateur devant le tableau…Sûr que la GN rappliquait dans le ¼ d’heure.
La suite ? Quand je reprends mes esprits , je suis comme lui , les fesses à l’air : mon « boxer-short » , vous savez le truc à la con avec le slip incorporé , est resté dans le néoprène au milieu des tonnes de gravats que nous avons arraché au lit de la rivière en m’utilisant comme une drague. Celui-ci est à moitié immergé en bordure , il faudra le récupérer plus tard , le vider et le retourner pour qu’il sèche lui aussi .
P’t’n la vie est dure , il s’en est fallu de peu et nous restons affalés dans le soleil couchant à récupérer notre souffle .
Il est l’heure de partager les fringues ; je me relève pour m’occuper de mon wader qui doit être bien propre extérieurement depuis qu’il marine . il nous reste une bonne heure de jour . Mais horreur : il n’est plus là , le niveau a légèrement monté , «Ah les cons, ils ont encore lâché les barrages » : Le niveau en remontant l’a dégagé de la racine qui le retenait sommairement . Si , là , plus loin ouf , je l’attrape , il est moins lourd . Forcément , avec l’ouverture face au courant , il s’est vidé petit à petit ..De mon short ? que Nenni , disparu , il a rejoint les frusques de mon pote …
La fin ? pour rester équitable dans l’adversité , nous sommes retournés à la voiture avec nos gilets en guise de pagne en chantant « En attendant que ça sèche , là-haut , là-haut , j’emmerde tous les poissons du Gave qui nous ont fait « baquer »
ET MÊME PAS HONTE devant la tête des habitants du village que nous avons croisés et surtout MÊME PAS HONTE devant ceux qui nous ont vu nous rhabiller (toujours avoir un rechange complet dans la voiture) le plus tranquillement du monde après avoir mis nos gilets et le wader rescapé dans un sac .

[alain]

ah cela devait valoir le déplacement, oh p....n j'aurai bien aimé vous voir !

[did]

arf

c'est pas commun comme histoire et sa vaut celle que certain connaisse ici sur le même sujet

de plus c'est tellement bien raconté

tu a un réel talent pour ça francis !!!
entre le mouche noyée et ces récits la il y a de quoi faire un livre !!!

[11'6"]

ah cela devait valoir le déplacement, oh p....n j'aurai bien aimé vous voir !

Voir sans rien faire? Non assistance à personnes en danger
Je te garantis qu'au début c'était vraiment drôle, et le retour au village aussi.
Mais quand j'ai imaginé mon copain perdant pieds se retrouver entraîné sous l'eau, coincé dans ses waders et se noyer sous mes yeux, je n'avais plus du tout envie de rire.
Et cela a été pareil pour lui, quand il m'a vu disparaître dans ce trou qu'il connaissait très bien.

c'est pas commun comme histoire et sa vaut celle que certain connaisse ici sur le même sujet ......

bon alors , did, racontes... il n'y a pas que moi qui va faire rire de mes déboires

[gill]

11'6 a écrit (..... '' si elles vous intéressent, dites le, j' en ferai une 2ème édition ..'')


Et comment donc . C'est tellement agréable que j'ai l'impression d'être spectateur et de rentrer dans tes histoires .

[11'6"]

Cela ce passait vers Brivezac sur la Dordogne , vers la fin septembre. J’y étais venu noyer mes mouches pour tenter les ombres du « plateau de Rodanges » , accompagné d’une amie qui , elle , passait son temps à lire , rêvasser et m’observer…Pour le pique-nique du midi , elle nous avait préparé une salade composée de quantité d’ingrédients dont des brocolis . Et moi , les brocolis , même à l’état de trace , je ne suppppppporte pas ! Cela me provoque d’énormes flatulences, incontrôlables totalement indépendantes de ma volonté (comme le dit mon Bon Maître). Et , je les ai mangé sans le savoir
Je peux vous dire que , quand les effets ont commencer à se faire sentir , je n’ai pas pu rester dans mon waders , obliger d’enfiler les cuissardes : l’horreur .
Le début du pire , c’est qu’après avoir rabroué ma copine « mais qu’est-ce que tu m’as fait manger » ….et qu’elle soit au courant de mon incapacité à assimiler les brocolis , elle comptait les points . Enfin , j’étais venu pour les ombres , et fi de mes intestins , je pêche , d’autant plus que les ombres étaient à table , ignorants de mes pets intempestifs , sonores et puants ainsi que des rires de mon amie.
Je m’appliquais particulièrement sur la partie intermédiaire , zone rapide , émaillée de cailloux et entrecoupée d’herbiers . Ici , le moindre dragage , la moindre faute de présentation , mettent les ombres en alerte . Je soignais donc mes lancers , posés et dérives , concentré au maximum , d’autant que mes désagréments intestinaux semblaient s’être calmés
A la suite d’un lancé et posé particulièrement impeccables , « un de ceux qui mériterait un poisson » , je vois un ventre se former sur ma soie . Instinctivement , par réflexe , le pouce et l’index devienne pince , ma main gauche part en arrière , mon bras droit se tend , la main droite relève la canne : PENDU !
En même temps que mon cri de victoire , je lâche un pet énorme qui a dû s’entendre de Brivezac à Chamalière et dont les fragrances sont plus proches de la stabulation bovine en cours de nettoyage que des parfums champêtres…..
Pendant que je tente de contrer l’ombre qui dévale le courant comme un météore , je suis assourdi par les fous rires de ma copine . Je fini par avoir raison de l’ombre , ramène et libère le poisson et retourne sur la rive .
Mon amie , étouffée par les rires , est au bord de l’ asphyxie , rouge pivoine , pliée sur le sol, avec des larmes plein les yeux . Il est évident que le retour se fera sans sa petite culotte ...
« Mais qu’est-ce que tu as , pourquoi ris-tu , calmes-toi , sinon , tu vas t’étouffer pour de bon … »
Quand elle a pu reprendre ses esprits , voilà ce qu’elle m’a raconté dans des phrases entrecoupées de crise de rire « Tu ne l’avais sûrement pas remarqué , mais Il y avait un type derrière toi qui t’observait attentivement depuis un long moment , quand tu as lâché ton dernier pet , surpris , il a fait un tel bon en arrière qu’il a failli se retrouver sur le sol : il est parti sans se retourner… »

[did]

par contre moi il n'y a pas que les brocolis qui me font cette effet je crois que c'est a peut près tous ce que l'on bouffe qui me fait sa

[imago77]

bonjour les zamis du suuud....
Toujours un bonheur de vous lire, un grand plaisir partagé que j'essaie de faire partager mais bon, il y a les sérieux et les zotres....
Je vous citerai bien une parole d'Aristote que j'ai lu par coeur mais je manque de temps...
N'oubliez pas d'aller cultiver votre lopin de terre ou celui des copains qui sont fatigués par l'âge ou la santé, les petits radis du jardin sont aussi bon que celui du super marché... cultivez avec amour et transpiration, il y aura des amateurs près de vous... Des gros bizoux les zamours... A bien vite de vous voir...
Si vous n'avez pas envie, c'est pas grave, je ferai un détour ailleurs... hi hi hi...

[Etienne]

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