Plus près de toi (ou les souvenirs de Christ)

[Invité]

Parfois il me semble que les truites font partie de ma famille....
Les souvenirs sont si anciens...parmi les plus vieux dont je puisse me rappeler.

A peine 3 ans et déjà mon père me faisait découvrir ce monde amusant et mystérieux.
Au bord du Lignon de Jaujac, du haut du pont et dans les bras de mon père, je voyais peut être pour la 1ère fois ces formes étranges qui ondulaient dans l'eau claire.
Quelques heures plus tard elles étaient sur la table et ne bougeaient plus, quelle situation étrange !

Je revois la plage, ma mère pleine d'attention pour son jeune fils qui essayait vainement d'attraper avec un seau les quelques vairons qui se risquaient près de la berge.

Plus tard les souvenirs s'accumulèrent avec mon grand père, mon père, mon frère, mes amis...
J'ai toujours été étonné de voir à quel point nous nous souvenons des détails de nos premiers contacts avec les truites...les premiers poissons, les images, les bruits, les sensations physiques...

Avec les temps les souvenirs sont moins intenses, comme si une espèce de routine devait inexorablement s'installer.
Pourtant, même après 31 années de palm exclusive, certaines dates marquent ma mémoire...

Parfois, par je ne sais quelle magie, le pêcheur est en osmose complète avec son environnement...son esprit se fond avec celui de la rivière, avec celui du Créateur.
Le pêcheur ne découvre pas la rivière, il la comprend, aidé par une inspiration mystérieuse.
Ses gestes sont étonnamment précis, réguliers, il ose et réussit sans efforts aucuns tout ce qu'il entreprend.

J'ai attendu 16 ans ce moment de grâce...c'était au début du mois d'août 1995 sur les berges fleuries de la Dordogne.
Je me souviens de cet après midi et des paniers et paniers que j'aurais pu remplir;
Je me souviens d'un ombre de 51cm et de l'un des lancers les plus difficiles de ma vie de pêcheur;
Je me souviens de 5-6 palmistes écœurés officiant près de moi (qu'ils me pardonnent ) et qui rapidement se sont réfugiés dans des rôles de spectateurs plus ou moins vindicatifs (je leur pardonne);
Je me souviens d'une nuit blanche passée à ressasser cet après midi de grâce.

Non la pêche n'était pas facile...pas plus qu'un autre jour.
En revanche, pour je ne sais quelle raison, à ce moment précis je comprenais la rivière et elle m'offrait tous ses trésors.

Aujourd'hui il est Dieu et demain il sera Mendiant...tel est le destin du pêcheur de truites.

C'est pourquoi je retourne chaque année à la pêche, dans l'attente de ce moment de grâce, juste 1 autre, juste 1 court moment.

Chris

[did]

bien joliment dit

que je raconte ma jeunesse sa motive tous le monde ont dirais et c est très bien sa

j ai eu aussi des moments de grâce a la mouche ou ont a l impression de ne faire qu un avec les éléments ou rien ne nous résiste ou ont est le meilleur ou ont se régale du moindre bond sur l eau , chaque mouche posée est une réussite et c était dans les années 95 moi aussi

[gill]

Trés joli ton récit Christ . C'est vrai que l'on a tous 2 ou 3 saisons pourri , et puis la compensation arrive ; posé par dessus un arbre immergé ,( sur une berge fleurie de la Dordogne justement ) et la truite qui ne tente même pas de passer dessous ; 58 cm ..... trente minute plus tard je prends sa soeur ; idem ....mais bon elle se décroche au bord de l'épuisette .

[alain]

Tu es sur qu'elle ne faisait pas plutot 30 cm et que tu l'as prises 58 mn plus tard ?

[gill]

NON !
et j'ai les photos ..

Je pense que l'on devrait laisser Christ raconter ses souvenirs et faire nos commentaires sur un autre post . ( s'il en a envie bien sur ! )

[Invité]

Non continuez les gars j'adore les dérapages incontrôlés !

[did]

avec le catalan dans les parage même avec des pneus contactes sa dérape

[Invité]

En parlant de dérapage...

Voici 5-6 ans je décide de palmer dans une rivière du vercors que je connais comme ma poche et qui m'est chère...
Parcours dans des gorges assez difficiles d'accès, le type de spot sur lesquels seuls les jeunes fous viennent d'aventurer.
Tant mieux moins il y a de fous et plus il y a de riz

Mois de juillet, température caniculaire, 1h30 de crapahut dans la brousse pour accéder aux coins les plus désertés par les pêcheurs.

Et là pif paf pof ça claquait dans tous les sens en sèche (vous savez le type de journées que d'aucuns jugent impossibles ).
Alors tu profites tu profites, jusqu'au moment où craaaac le talon de la canne coupé en 2 (scierra 8 pieds en 3 brins).
Grand moment de solitude....
Tu penses à ton retour prématuré, à la chaleur, aux ronces, aux mouches, aux araignées qui vont finir de pourrir ta journée...
Et puis le miracle arrive...eureka !

Je garde le scion et le brin intermédiaire, je prend le vivarelli dans la main gauche, et ni vu ni connu je t'embrouille je continue la pêche !

Et les ennuis commencent.... car pêcher avec un spaghetti bien cuit c'est assez... rock 'n roll
Pour les lancers c'est à peu près ok (à peu près), le premier souci vient du ferrage.. on s'aperçoit du second problème lorsque l'on a réussi à en accrocher une !

Bref je ne sais plus combien j'ai ai raté... beaucoup.... je ne sais plus combien j'en ai ramené avec mon élastique... beaucoup... mais pêcher dans ces conditions m'a laissé un souvenir impérissable !

Chris

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