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La Préhistoire de la pêche

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Message par Invité Jeu 12 Mar 2009 - 6:58

La préhistoire de la pêche


"La pêche a permis la survie, l'organisation puis la cohésion sociale. En un mot, si elle a été pour tous une activité de subsistance, elle a surtout représenté un formidable moteur pour le développement de l'intelligence humaine."

Jean-Jacques Cleyet-Merle[1]: "La Préhistoire de la pêche".



La première difficulté rencontrée par les "archéoichtyologistes" est la disparition des sites des premières tribus de pêcheurs. En 24 000 ans la température terrestre a augmenté en moyenne de 4° provoquant une montée des eaux, qui, selon les côtes, peut varier de cinquante à plus de cent cinquante mètres. Les campements et villages côtiers ont été submergés. Les découvertes archéologiques concernant la pêche se limiteront surtout aux eaux douces.

Le poisson entre très tôt dans le régime alimentaire de nos ancêtres, bien avant que n'existe la pêche. Les premières traces de poissons mélangés à des restes de nourritures sont retrouvées en Afrique du sud. L'australopithèque qui en a peut être[2] fait son repas était un voisin de Lucy notre mère à tous. Très vraisemblablement le résultat d'actes de "charognage". En France les premiers restes de poissons retrouvés dans un gisement occupés par des humains remontent à 500 000 ans, il s’agit d’un habitat acheuléen près de Nice (Terra Mata), qui contenait les restes de truites, de barbeaux et d'ombles chevaliers. Ces reliefs sont en général des vertèbres de grands poissons. Au Paléolithique, les pêcheurs ont l'air de se spécialiser en poissons de grandes tailles, saumons, brochets et truites, ces dernières oscillent entre 70 et 80 centimètres, de quoi laisser rêveur. Les techniques de chasse plus que de pêche en sont la cause. En certaines circonstances il est plus facile de harponner, ou en tout cas de capturer un saumon de plusieurs kilogrammes qu'une truite de trente centimètres. Il se peut aussi que les restes de poissons plus modestes aient disparut avec le temps. La France est le territoire le plus riche en témoignages de pêche. Vient ensuite l'Espagne. Concernant la même période des restes de poissons y ont été découverts mélangés à des ossements de grands animaux terrestres. Mais le plus étonnant, fut la découverte de restes de brochets. Tous les livres de pêche espagnols s'accordent à écrire que ce dernier a été introduit par les premiers touristes français autour de 1950. Il aura disparu naturellement avant d'être réintroduit artificiellement quelques dizaines de milliers d'années plus tard. La pêche proprement dite, comme activité vivrière, commence au Moustérien (- 35 000 ans), quarante-huit fragments sont exhumés dans la grotte de Vauffrey en Dordogne: truites, chevesnes, anguilles. Il s'agit toujours d'une nourriture d'appoint. Le gros du régime alimentaire est fourni par la chasse des grands mammifères. En Espagne, aux Asturies sur la façade atlantique, des fouilles ont fait apparaître des vertèbres de truites, d'anguilles, de saumons et des restes de poissons plats qui ont la capacité de remonter les eaux douces. Nos ancêtres pêchaient le saumon sur la rivière Ariège.



Les Premiers hameçons


Du charognage à la pêche à la main, il n'y avait qu'un petit geste. Petit pour l'Homme mais grand pour l'humanité. On a voulu voir une pêche à la main représentée sur un os gravé (Laugerie-Basse). Il faut de l'imagination, mais faisons confiance aux spécialistes, un homme semble tendre ses bras disproportionnés vers un gros salmonidé. Puis, les groupes humains devenant plus importants et toujours plus gourmands, suivront les captures à l'aide d'outils, de barrières de piquets, de cages et autres nasses. Nos ancêtres auront recours aussi à l'empoisonnement. Un des derniers perfectionnements sera l'utilisation de crochets dissimulés dans de la nourriture et attachés à des cordes végétales.

Les premiers hameçons droits sont découverts en France (- 30 000 ans). De simples aiguilles en os ou en bois de cervidés. "L'hameçon droit" ou gorge est une sorte d'aiguille en os effilée aux deux extrémités, sans ardillon. Le milieu présente un renflement ou s'attache la ligne. Appâté, il est engamé profondément par le poisson, le pêcheur ferre d'un coup sec, la pointe se redresse et se plante en travers de la gorge de la proie. Des lignes portant des dizaines d'hameçons droits ont été découvertes, elles devaient servir à pêcher l'anguille de nuit à la posée. Ce poisson engame profondément. Dans les années 70 le catalogue Manufrance proposait encore des hameçons droits, dits à anguilles, mais possédant un ardillon à chaque extrémité.

Bien plus tard apparaîtra le crochet et plus tard encore l'ardillon. Le pêcheur moderne est très fier de ses imitations à quatre ailes sur hameçon de 22. Elles sont montées sur des étaux au mécanisme d'horlogerie à l'aide de tout un outillage à faire pâlir d'envie un chirurgien-dentiste. Il devrait l'être tout autant de nos ancêtres qui arrivaient à façonner à l'aide de cailloux et d'éclats de silex, un hameçon sur une dent de sanglier. Le résultat est un véritable chef d'œuvre d'adresse et de patience. Quel ne devait être le désespoir du pêcheur lorsqu'il voyait sa proie s'enfuir en emportant un hameçon qui lui avait coûté des journées entières de travail. L'ancêtre de nos jurons peut dater aussi de cette période.



Des hameçons ont été trouvés à peu près dans tous les pays du monde. Ils sont taillés dans la masse, sur des plaquettes osseuses de quelques centimètres d'épaisseur, du bois de cerf ou de rennes et plus rarement dans l'ivoire. La courbure de l'hameçon est un point d'extrême fragilité et les matériaux naturels choisis doivent être très durs. Ils sont découpés, raclés puis finement polis. L'hameçon peut être à palette ou avec une hampe
simplement dentelée pour empêcher le nœud de glisser. Dans certains cas la tête est trouée, mais il s'agit plus d'un chas où passer le fil que d'un œillet. Sur le site de Tybrind Vig (Estebölle) ont été découverts des hameçons pour pêcher la morue et les poissons d'eau douce, certains ont conservés le nœud du bas de ligne. Deux demies clefs. Une technique de nœud très primitive mais qui a fait ses preuves. Elle est encore utilisée par les pêcheurs aux toc, notamment dans les Pyrénées.


Il existe une autre sorte d'hameçon dit "spiniforme" qui a longtemps été pris pour une "fouëne à oiseaux ". Ce sont deux branches en "V", l'une est la hampe où vient s'attacher le bas de ligne, l'autre supporte plusieurs ardillons. Ils sont bifides en général, mais peuvent être aussi trifides (trident) ou plus. Mais les archéologues ne sont pas tous d'accords avec cette interprétation. Une gravure sur un bois de renne découverte à Fontarnaud (Lugasson-Gironde) représenterait un saumon qui attaque ce type d'hameçon. Difficile d'être catégorique.

De nécessité à plaisir?

Dans une tombe princière datant de l'âge du fer en Autriche, le défunt a été enterré près de son char, témoin de son haut rang. Il portait attachée autour de son cou une pochette d'hameçons. A la même période (vers 640 à 600 av. JC) des hameçons ont été retrouvés mélangés au riche matériel de sépultures hallstattiennes. Nous laisserons sa conclusion au préhistorien, Jean-Jacques Cleyet Merle: "La découverte occasionnelle d'hameçons en contexte funéraire, bien datés, n'a rien de surprenant; le défunt, dont la pêche avait occupé la plus grande partie de la vie, aura souhaité être inhumé avec ses instruments de travail favoris, de la même façon qu'un guerrier était enterré avec ses armes … Il est douteux que les puissants princes inhumés au milieu d'un fastueux mobilier aient été contraints de se procurer leur pitance quotidienne en pêchant dans les eaux du Danube ou de la Moselle. Ces témoignages fragiles, et apparemment anodins, constitueraient le premier indice d'une activité halieutique non plus vivrière, mais plutôt ludique. La Pêche sportive est sûrement née à l'âge du fer, pratiquée par les grands de ce monde"…." Signalons, enfin la découverte de Vasterbjers où un hameçon typique a été trouvé dans une tombe féminine. Peut-être les femmes ont-elles été, dès la préhistoire, associées aux dures tâches de la pêche…."

L'art pariétal, rupestre et mobilier.




Les restes de poissons consommés retrouvés sont toujours très minoritaires comparés à ceux des grands mammifères terrestres. Durant la très longue période de la préhistoire, la pêche restera toujours une activité secondaire. Il faudra attendre encore 20 000 ans pour que des Hommes organisent leur vie sociale autour de la pêche. Peu de représentations, les artistes ne font que traduire nos pulsions, aujourd'hui, comme au premier temps de l'humanité. La pêche n’est pas primordiale donc peu représentée.



Au paléolithique pour plusieurs miliers d’animaux terrestres représentées, nous comptons une vingtaine de poissons. Ils se situent presque tous dans un grand périmètre regroupant le sud-ouest aquitain, le Périgord, les marges girondins et les Pyrénées. Au total pour toute l’époque préhistorique, ce sont deux cent cinquante représentations de poissons théoriques pour cent cinquante de vraiment fiables, soit environ 5% de l'ensemble des illustrations animales. Chasseurs et pêcheurs ont de tout temps tendance à se valoriser en fonction de l'animal qu'ils traquent. Ils préféreront toujours représenter les plus grandes proies qu'ils côtoient et qu'ils chassent. Tant et si bien que lors de la raréfaction des grands mammifères terrestres, alors que pour nourrir les siens ils se verront contraints de se rabattre sur de petits animaux peu valorisants, lapins, lièvres, escargots, tortues … ils ne les représenteront plus artistiquement.

« Né d’un moment heureux d’une civilisation, d’un équilibre parfait entre l’homme et son milieu naturel, l’art préhistorique, paradoxalement, va disparaître, entre -10 000 et -9000 ans, du fait de l’amélioration climatique … Ce bouleversement écologique entraîne le rapide déclin des brillantes civilisations paléolithiques, contraintes à de nouvelles adaptation. Finies les belles industries de l’os et du silex, finis les délicats chefs d’œuvres de l’art animalier des cavernes : l’ère héroïque des grandes chasses est révolue ! Il est évident que le piégeage du lapin ou la collecte des escargots ne sont pas de nature à soutenir une mystique de la chasse ni à inspirer un grand art pariétal[3] ». Pour la pêche c'est exactement le même phénomène. Un classement des poissons représentés fait apparaître en tout premier lieu, le saumon, ensuite viennent les grosses truites, les brochets et vraiment en queue de peloton quelques poissons blancs et très peu d'anguilles, alors que ces dernières sont très souvent consommées. Les œuvres représentant les grands salmonidés sont toujours très soignées alors que les poissons blancs sont stylisés au possible empêchant toute identification. Une hiérarchie de valeurs que la plupart des pêcheurs pourraient établir de nos jours. La notion de poissons nobles est sans aucun doute plus ancienne que nous ne pouvons l'imaginer.

La viande des salmonidés présente un autre avantage plus terre à terre, une fois fumée ou simplement séchée au soleil, elle peut être conservée. Principal problème de nos ancêtres: Comment capitaliser les moments d'abondances en prévision des disettes? Malheureusement, de ce simple geste de survie seront issus une grande partie de nos problèmes. Les réserves feront des envieux prêt à tout pour s'en accaparer et les possédants seront près à les défendre au péril de leur vie.

Autre constatation qui nous rapproche d'autant de nos ancêtres: la représentation de l'animal est toujours au meilleur de sa forme. Il n'est pratiquement jamais dessiné mort et très rarement blessé. Aujourd'hui encore des chasseurs de sangliers en posant pour le photographe auront tendance à positionner leurs proies pour lui donner un aspect vivant. Nous faisons de même lorsque nous immortalisons le gibier en taxidermie. Des parois de grottes aux écrans d'ordinateurs nos poissons sont dans leur grande majorité représentés plus vivants que nature. Dans la mort, chasse et pêche sont irrémédiablement terminées. L'Homme préfèrera toujours représenter l'animal dans l'action.

Notre premier saumon parfaitement représenté (- 25000 ans) est un grand becquart de l'abri du Poisson près des Eysies. L'artiste a déjà une longue pratique derrière lui, le poisson est en relief et c'est "la représentation, la plus ancienne de poisson de l'art du quaternaire". A Niaux, à même le sol, deux truites dessinées dans l'argile, reconnaissables à leur nageoire adipeuse sont représentées sans doute pendant la reproduction. L'Homme ne sépare pas les éléments, terre et eau, il mélange ses proies sans distinguer leurs lieux de capture. Le poisson côtoie le mammouth ou le cerf sans autre forme de procès. Les plus beaux salmonidés sont figurés dans l'art mobilier, sur des objets, spatules, battons perforés, galets. La truite gravée de la grotte des deux Avens en Ardèche (Magdalénien supérieur) est une vraie merveille. Le sceptre de la Vache, représente une grosse truite mâle becquart, un objet dont il est difficile d'interpréter l'utilisation. La sculpture est de l'hyperréalisme pur. Enfin parmi les restes d’un village à Bruniquel ou au pont d'Ambdon, ont été découvert des parures, des colliers décorés de vertèbres de truites et de canines de cerf. L'usure des orifices ou passait le fil prouve qu’ils avaient été longuement portés.

Toutes ces représentations artistiques ont été découvertes sur le territoire français. Quelques représentations de poissons se trouvent en Espagne, et quelques unes en Belgique ou un bâton perforé en bois de renne est décoré d'une superbe truite gravée.

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Message par Invité Jeu 12 Mar 2009 - 7:53

Jean Jacques Cleyet-Merle est chercheur au Ministère de la Culture à Paris, responsable de tous les Musées d'Arquéologie de France, un très grande pointure, un Monsieur avec un M majuscule , il a été charmant, il n'a pas hésité à me téléphoner pour m'aider plusieur fois dans mon travail. Ce trsè grand Monsieur a tout fait pour que ce texte soit le plus juste (en fonction des dernières trouvailles) en modérant mes débordements enthousiastes. Qu'il en soit grandement remercié. J'ai tout au long de ce travail sur l'histoire de la mouche rencontrer des grands monsieurs qui m'ont aidé avec modestie et patience et des petits peignes-culs qui ne n'ont jamais daigné me répondre. Une nouvelle leçon de la vie et des êtres humains.

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Message par did Jeu 12 Mar 2009 - 7:56

putain pourtant moi j ai un bouquin a la maison ou c est rahan qui a inventé la peche au toc Laughing
did
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Ours mal léché

Messages : 3966
Date d'inscription : 21/05/2008
Age : 58

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Message par Invité Jeu 12 Mar 2009 - 7:59

did a écrit:putain pourtant moi j ai un bouquin a la maison ou c est rahan qui a inventé la peche au toc Laughing
Put..! Did t'es le meilleur

(suite)
Fils des âges farouches.




" Parmi les trois activités d'acquisition qui nous apparaissent les plus indispensables à la survie de l'Homme préhistorique, la cueillette, la chasse et la pêche, c'est sans aucun doute cette dernière que l'on suppose la moins innée, la moins fondamentalement ancrée dans l'inconscient collectif".

Jean-Jacques Cleyet-Merle



L'homme préhistorique lançant adroitement son harpon dentelé à travers les ondes est une image d'Épinal qui séduit surtout les amateurs de bandes dessinées. Dans les différentes strates ou les chercheurs ont découvert grand nombre de restes de poissons, il n'y a pas de pointes barbelées, en revanche, ils en trouvent en grande quantité auprès de restes d'animaux terrestres. Pourquoi? Mes amis qui gagnaient jadis leur argent de poche en braconnant la truite le savaient très bien. Si nous voulions remplir rapidement notre sac, il fallait pêcher à la main et assurer les grosses prises avec une fourchette. Il aurait été inutile d'espérer obtenir le même résultat en lançant un roseau pointu sur nos proies. Nous l'avions essayé en vain dans nos jeux. Sauf si le poisson somnole vraiment au ras de l'eau, ce qui est très rare, il est pratiquement impossible d'être précis en brisant la surface de l'eau. L'Homme préhistorique était pragmatique. Il lui fallait être efficace, sa survie en dépendait. Ce sont des fouënes dentelées sur toute leur longueur qui ont été trouvées dans les fouilles du Magdalénien supérieur. Un objet fonctionnel que le pêcheur maintenait dans sa main pour assujettir ses proies. Elles n'étaient jamais lancées. Encore une image du bon sauvage qui s'efface pour laisser place à un être humain plus soucieux de rentabilité que de l'image qu'il laissera pour la postérité. Pragmatique et opportuniste. S'il rentrait de la chasse sa lance à la main et découvrait un poisson immobile en surface, il devait pour sûr, essayer de le transpercer pour l'ajouter à son repas. Encore fallait-il qu'il soit certain de pouvoir récupérer sa précieuse arme de chasse. Mais lorsqu'il allait à la pêche, en parent responsable, il emportait ses fouënes.

Illustration:

- la truite gravée de la grotte des deux Avens (Ardèche) Magdalénien supérieur

- la sceptre de la vache page 68

- saumon de Lortet contour découpé gravé Magdalénien supérieur

- quatrième de couverture hameçon en ivoire dentaire grotte du Dévoc néolithique moyen

- le grand saumon sculpté de Gorge d'enfer (les Eyzies de Tayac).



(les photos risques de me coûter bonbon!)

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