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Le territoire Gardois et les Inondations

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Le territoire Gardois et les Inondations Empty Le territoire Gardois et les Inondations

Message par BUBULE Mar 8 Déc 2009 - 19:43

Extraits de mon mémoire de Master I, je sais qu'il y a des personnes qui aiment bien...
j'ai un soucis pour les cartes, je les mettrai en ligne après...


Les inondations naturelles résultent de précipitations abondantes engendrant des écoulements superficiels qui ne peuvent plus être contenus dans les « chemins de l’eau » habituels (lits mineurs des cours d’eau) ou par les aménagements artificiels destinés à leur maîtrise (digues, canaux, réseaux pluviaux urbains). Elles constituent, comme les écoulements qu'elles provoquent, des « aléas », caractéristiques d’un climat donné.

Les dommages résultant d’une inondation dépendent, certes, de son importance mais également des modes d’occupation des sols et des dangers encourus par les habitants des secteurs inondés ou par les individus qui y circulent. L’ampleur de ces dommages traduit « la vulnérabilité » des espaces inondés qui expriment l’importance socio-économique de ces espaces et leur dangerosité, notamment au regard des pertes en vies humaines.

(Selon des propos de M.Lescure, de la direction Départementale de l’Equipement du Gard, décembre 2004)


1.1 Un département vulnérable face aux inondations

1.1.1 Des phénomènes fréquents et de fortes amplitudes

Avant de s’intéresser au territoire Gardois à proprement dit, il convient d’élargir la réflexion à l’ensemble de l’Arc Méditerranéen.
La configuration géographique du nord du bassin méditerranéen favorise l’apparition de puissants mouvements d’air chaud et humide venant de la mer Méditerranée (phénomène de convection). Dès lors, une alimentation latérale par de l’air maritime peut se produire (phénomène d’advection). Cela entraine d’intenses précipitations dont la durée et les cumuls peuvent être très importants. Ces phénomènes pluvieux peuvent être très localisés comme ce fut le cas en Octobre 1988 à Nîmes, mais ils peuvent s’étendre aussi sur d’importantes surfaces comme en septembre 2002 (Gard et Hérault touchés). Ces phénomènes pluvieux prennent le nom de « Phénomènes Cévenols. C’est un type particulier de pluies qui affecte notamment les régions situées au pied des Cévennes dans le sud de la France et provoquant souvent de graves inondations.

Le « véritable épisode cévenol » se caractérise par l'accumulation de masses nuageuses en provenance du Golfe du Lion, souvent dans un régime de vents de sud à sud-est très humides. Un épisode cévenol se déroule normalement sur plusieurs jours et donne en moyenne des quantités d'eau comprises entre 200 et 400 mm sans que cela revête un caractère exceptionnel pour ces régions montagneuses (plus rarement jusqu'à 600 ou 700 mm au cours d'épisodes vraiment intenses). Ces dernières années, le terme d'« épisode cévenol » a été souvent improprement employé pour désigner les orages qui ont notamment touché les plaines du Languedoc.

Ces phénomènes constatés au niveau de l’Arc Méditerranéen pour des durées allant de une heure à plusieurs jours peuvent saturer très rapidement les Bassins Versants naturels ou urbanisé (saturation d’autant plus rapide si le Bassin Versant est urbanisé). Cela entraine des débits très importants qui ont été rarement pris en compte dans les Aménagements.
Nous pouvons donc affirmer que la façade méditerranéenne présente un risque majeur face aux inondations. Cependant, ce risque a été longtemps sous évalué par un manque d’informations le concernant. L’amélioration de la connaissance de ce risque devrait conduire à mieux l’appréhender. Ainsi dans le futur cela inciterait à une plus grande prudence dans la réalisation des opérations d’Aménagement.

Le Gard, quant à lui est un département fortement soumis à l’aléa inondation. En effet, depuis la moitié du XIIIe siècle le Gard a connu plus de 480 crues. L’équinoxe d’automne est la période la plus critique, près de 75% des débordements y sont concentrés (source Conseil Général du Gard – 2008). Suite aux inondations de 2002, on a parlé de « crues exceptionnelles », mais cela est relatif car des évènements de grande ampleur se sont déjà produits par le passé et d’autres sont survenus depuis (2003 et 2005).

Le record de pluviométrie observé en France est Gardois avec 950 mm en 24h en 1907 dans le village de Vallerauge. Ce chiffre qui avait été fortement contesté à l’époque, a été remis au goût du jour par Météo France après une analyse des témoignages de l’époque (source Météo France – 2008). Mais d’autres pluviométries très importantes on été relevées sur l’ensemble du département :
- 140 mm en deux heures à Alès en 1958
- 420 mm en 8h à Nîmes en 1988
- 687 mm en 24h à Anduze en 2002
Ces pluviométries importantes entrainent des écoulements dont les débits peuvent dépasser la capacité d’absorption des milieux naturels et ainsi engendrer des ruissellements pluviaux et des crues :
- le Gardon a atteint 2 550 m3/s en 1846 à Alès et 7 000 m3/s à la hauteur du pont de la voie ferrée à Ners en 2002.
- le Vidourle a connu en 1958 1 800 m3/s à Sommières et 2 250 m3/s en 2002.
- la Cèze a atteint des débits de 2 000 m3/s en 1890 à Bessèges et 3 100 m3/s en 2002 à Bagnol S/ Cèze.
- le Rhône a connu des débits de 13 000 m3/s en 1856 à Beaucaire et 11 500 m3/s en 2003.
- En 1988 lors des inondations urbaines de Nîmes, des débits de près de 500 m3/s ont été relevés sur les « Cadereaux », en particulier au niveau de celui de la route d’Alès au Nord de la ville. Les capacités des buses calibrant ce Cadereau situé à l’entrée de la ville furent largement dépassées (capacité des deux buses : 30 m3/s).

Les crues torrentielles que subit le département se produisent à la suite de précipitations à la fois courtes, intenses et souvent très localisées sur un Bassin Versant. Dans ce cas, les cours d’eau peuvent monter de plusieurs mètres en quelques heures et leur débit peut devenir rapidement très important. Dans le département, on parle de « vidourlades » (inondations provoquées par le Vidourle) et de « Gardonnades » (inondations dues aux Gardons). La rapidité de la montée des eaux est aussi liée aux phénomènes « d’embâcles* » et « déblâques* » ce qui explique la dangerosité du phénomène de ces crues brutales et typiques. Il s’agit de la forme d’inondation la plus fréquemment rencontrée dans le Gard. Les inondations observées en 2002 en sont une excellente illustration (voir ci après partie 1.1.2).

* Définition d’embâcles et débâcles du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (brgm) : un « embâcle » consiste en l'obstruction d'un cours d'eau par la constitution d'une digue naturelle entraînant une retenue d'eau importante. La digue peut être constituée soit par des éléments solides arrachés à l'amont et charriés par le cours d'eau, soit par l'obstruction du cours d'eau provoquée par un glissement de terrain. La lame d’eau déversant par-dessus l’embâcle et son affouillement peuvent provoquer la rupture brutale de la digue ainsi que la propagation d'une onde de crue destructrice. Onde de crue d'autant plus importante que le volume de la retenue et la hauteur de la digue avant sa rupture étaient importants, dans ce cas on parle de « débâcle ».
Mais le département du Gard est aussi soumis à des crues qualifiées de « lentes » liées au Rhône. Elles se produisent plus progressivement et peuvent être fortement dommageables par leur ampleur et par la durée des submersions qu’elles engendrent dans les plaines Rhodaniennes et/ou Camarguaises.

1.1.2 La vulnérabilité du Territoire Gardois

Définition de la vulnérabilité d’un territoire : la vulnérabilité d’une entité (territoire par exemple) est la tendance de cette dernière à subir des dommages. Cette vulnérabilité est caractérisée par la capacité de résistance à un dommage puis par l'endommagement qui en découle. Ses caractéristiques dépendent de multiples facteurs tels que le temps, les mesures préventives, la durée de l'événement ou encore de la gestion des secours.
(Source : Prim.net - 2008)

Le bilan des inondations qui ont affecté le sud-est de la France en septembre 2002 est extrêmement lourd : 23 victimes et 1,2 milliard d’euros de dégâts estimés. Le Gard a été de loin le département le plus affecté, avec 22 victimes et 830 million d’euros de dégâts. Sur le Gard, les cumuls de pluie sur environ 24 heures ont dépassé des valeurs considérables pour un volume total précipité estimé de 2,2 milliards de m3 d'eau (voir figure 1) :

- 200 mm sur l'ensemble du département
- 400 mm sur 37 % du département
- 600 mm sur 4 % du département

Figure 2 – Pluviométrie observée lors des évènements de septembre 2002 (sources : données CG30 et météo France)

La quasi-totalité du département a été touchée par les inondations puisque 299 communes (sur 354) ont été déclarées en état de catastrophe naturelle (17 sur l'Hérault). Les dégâts subis ont été plus ou moins importants, on peut considérer que parmi les communes touchées, une centaine ont été lourdement sinistrées, 120 moyennement touchées et 80 peu touchées.
(Source : Préfecture du Gard – mars 2008)

Le nombre de victimes s'avère élevé avec 22 décès constatés. Il faut noter qu'une grande partie des personnes a péri noyée dans des habitations ou lieux de résidence, ce qui confirme le caractère aggravant de l'urbanisation et révèle le besoin d'amélioration de la coordination alerte / évacuation. Rappelons pourtant que seuls 7 à 10 % du territoire Gardois sont des zones inondables et que les secteurs qui ont été inondés étaient dans l'ensemble bien connus, même si les hauteurs d'eau ont dépassé celles estimées comme centennales.

Malgré une culture du risque indéniable dans quelques communes (Sommières, Aimargues, Boucoiran, Montfrin, …), on constate souvent une quasi inexistence de la conscience et de la culture du risque au sein de la population, cela s'avère être un réel facteur aggravant, en particulier du nombre de victimes. En effet, beaucoup d'habitants ignorent la violence des crues, en sous-estiment les dangers (voire même la réalité) pour eux-mêmes ou leurs biens et ne connaissent donc pas les mesures ou précautions à prendre. De plus il a été constaté que les personnes ne respectaient pas les consignes ou les règles élémentaires de prudence et de sécurité.
La rétention des eaux s'est montrée localement efficace même si pour un tel événement l'intérêt est moindre que lors de crues plus faibles. Citons le rôle des 3 barrages écrêteur du Vidourle qui ont pu retenir plus de 30 Mm3 et particulièrement celui de la Rouvière qui a malgré son débordement écrêté au plus fort de la crue le débit du Crieulon de 35 %, c'est à dire de 500 m3/s pour 1 400 m3/s entrant.
(Source : Service Barrages du CG30)

La protection directe des biens et des personnes est souvent trompeuse. En effet, les aménagements totalement sûrs sont rares, voire inexistants (comme est dramatiquement venue le rappeler la rupture de la digue d'Aramon). Ces ouvrages sont sujets à rupture même quand ils sont entretenus (digues du bas Vidourle) et constituent parfois des "pièges" inattendus (digues d'Alès avec débordement du Grabieux).

Nous pouvons considérer que la répétition et l’aggravation des conséquences des crues destructrices dans le Gard et les départements voisins sont directement liées à l’accroissement des biens résidentiels, des activités économiques ou des équipements associés dans des zones inondables. Cette exposition d’un nombre toujours plus important de vies humaines et de biens à des phénomènes qui présentent par leur intensité et leur soudaineté un risque fatal, doit être considéré à sa juste mesure dans les décisions d’Aménagement.

Le Languedoc-Roussillon et ses zones péri-littorales, connaissent une croissance démographique très importante liée à un solde migratoire fortement positif. Ainsi, le Gard a accueilli 118 000 nouveaux habitants entre 1990 et 2000. Les prévisions actuelles sont pour la région, d’un accroissement de 200 000 habitants, soit de l’ordre de 80 000 logements supplémentaires d’ici 2015/2020 (source : Préfecture du Gard). En l’absence de mesures adaptées, une part importante de ces logements sera implantée en zone inondable. Nous pouvons nous interroger sur la responsabilité à court et moyen terme qu’il y a à exposer de nouvelles populations à un risque aussi important. Il est à craindre que l’on aboutisse à une situation où une nouvelle inondation n’entraîne des dommages que la collectivité ne pourra supporter sans de lourdes conséquences sur le développement local.

Afin d’apprécier la vulnérabilité du territoire Gardois, nous pouvons classer les communes de ce département en trois catégories suivant le niveau de risque face aux inondations : risque fort, moyen et faible (voir figure 3 ci après).
Cette cartographie a été réalisée dans le cadre de mises à jour effectuées lors de mon stage au Conseil Général du Gard du 2 février au 30 avril 2008.

Les critères retenus pour effectuer ce classement sont les suivants :

- niveau de risque estimé par la Préfecture du Gard (Document Départemental des Risques Majeurs, SIDPC, 1995),
- niveau de risque estimé par la commune
- niveau de risque estimé par les Syndicats de Bassins Versants,
- cartographie des zones inondables (Atlas hydro-géomorphologique, crues historiques de 2002 et 2003, DIREN Languedoc-Roussillon),
- nombre d'arrêtés Catastrophes Naturelles Inondation de 1982 à 2004,
- existence d'un PPRI (Plan de Prévention du Risque Inondation, (voir annexe 1 p 94) prescrit ou approuvé

La lecture de cette carte (voir page suivante) nous apporte de précieux enseignements.
En effet, nous constatons qu’un nombre élevé de communes sont exposées à un risque fort ou moyen. Cela représente respectivement 18 % et 29 % des communes du département. Nous pouvons aussi remarquer que la grande majorité des communes classées en risque fort et moyen se trouvent à proximité d’un cours d’eau. Nous le voyons bien sur les communes bordant le Rhône, le Vidourle ou les Gardons.



Figure 3 – Niveau de qualification du risque inondation des communes du Département du Gard (Sources : données CG30)



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